Nous voilà repartis sur la route, vers de nouveaux horizons lumineux. Au programme des prochains jours : les gorges du Todra, les gorges du Dadès, et la piste du cirque de Jaffar. Vous avez eu un petit aperçu sur la vidéo montée (fort patiemment!) par Fabien !
Nous reprenons donc la route vers les gorges du Todra, on roule tranquillement et on y arrive en fin de journée, toute les échoppes sont fermées ou en train d’être remballées, les touristes se font rares, le site reprend possession de lui même, mais il n’y a hélas plus de soleil. Même sans cela, les paysages roses sont magnifiques, on sent le potentiel du lieu en imaginant les rayons de soleils qui s’infiltrent dans ces gorges somptueuses.
Nous avançons sur le tronçon le plus connu et le plus beau, et nous faisons demi-tour ensuite pour nous diriger vers l’hébergement du soir. Malheureusement, il s’agit d’un ex-bon plan de GG qui a bien changé en 5 ans, l’ambiance est un peu glauque, nous décidons de dîner dehors. Hélas, notre choix de lieu de pitance aura aussi été malheureux, bien que référencé sur le guide du routard 2018. Cher, bon, mais avarié pour Fafa, qui en payera encore le prix pendant une bonne semaine.
Passons rapidement sur cette soirée inoubliable, nous reprenons la route le lendemain matin vers les Gorges du Dadès, avec un Fa(bien) mal en point ! Nous hésitons à reprendre une nuit dans le coin pour qu’il puisse s’en remettre et puisque nous avons un peu d’avance, mais il décide finalement qu’il est en mesure d’attaquer la route.
Et quelle route ! Ce fut pour ma part la plus belle surprise de ce voyage, je ne m’attendais pas à vivre des moments aussi intenses que ces deux jours qui arrivaient. Je m’étais tellement préparée psychologiquement pour le désert et le sable, que cette route, qui se transformera en piste ensuite, et à laquelle je ne m’attendais pas (du tout), aura été un marqueur fort de ce voyage.
Cette sensation d’être (presque !) seule au milieu de nulle part, parmi ces terres et paysages qui ont, longtemps avant que l’on existe, fait partie des fonds marins et vu passer les plus étranges créatures du fin fond des abysses…. Je m’égare un peu, mais à cette occasion, c’est tout petit et insignifiant que l’on se sent, et on a l’impression de tout remettre à une échelle bien plus raisonnable que celle, parfois tendancieuse, du quotidien.
D’autant plus qu’en deux jours, c’est encore une multitude de paysages que nous avons traversés, ce qui rend l’expérience encore plus intense. Ici étonnément, point de monotonie, que du changement, plus ou moins subtile : de couleur, de textures, de route, de météo, de ciel et de végétation.
La piste est roulante, et sur les quelques petits passages techniques, je mets à profit tous mes acquis de la March Moto Madness, de la Vercingétorix, et des promenades dans les champs du Vexin. Je me sens bien, au bon rythme, en harmonie avec ma moto et avec la piste, au milieu de la nature. Il ne m’en faut pas beaucoup plus.
De son côté, Fabien est un peu au bout de sa vie, il va finalement partir en avant, à un rythme un peu plus soutenu et en faisant fi de nos multiples pauses photo, déterminé à aller se coucher dès que possible. Nous ne le recroiserons que très brièvement avant le petit déjeuner du lendemain matin. Heureusement que nous avons trouvé un petit coin de paradis pour l’hébergement de cette nuit là à Agoudal, village niché à 2 300 mètres d’altitude. La nuit sera glaciale, mais un jeune campeur à vélo nous apprendra l’humilité et la simplicité en passant la nuit dans sa tente, après être arrivé en pédalant jusque là 😉 Nous sommes de petits joueurs en fin de compte !
Je vous laisse vous rendre compte en image :
La suite, c’est encore une journée de piste, que nous avions tous envie de faire sur cette édition, mais que Gégé ne connaissait pas encore. Nous avançons donc vers l’inconnu, pour tout le monde !
Fafa reprends du poil de la bête, et c’est parti pour un peu de route et surtout la piste du Cirque de Jaffar, destination finale Midelt (180 kms). Je vais me répéter et vous allez me trouver lassante, mais c’est encore une journée et une route de folie qui va se glisser sous nos pneus à crampons. Encore des paysage tellement différents, mais aussi tellement inspirants ! Nous passons une journée sublime, mais on sent également la fatigue qui commence à monter. La piste n’est pas difficile, mais elle n’est pas simple non plus. Nous avons droit à quelques feintes avec des passages effondrés ou lessivés par de grosses pluies, qu’il faudra savoir contourner. A certains endroit la piste est un peu grasse, glissante, puis caillouteuse (des biens tranchants), et le tout en léger devers bien sur. Il faut rester constamment concentrés pour ne pas faire de boulettes !
Encore une fois, les photos en diront plus long :
Nous finissons notre journée bien crevés & heureux, dans un hôtel un peu plus touristique que d’habitude, mais avec douche chaude garantie (et garantie appréciée !). Le dîner avec bande sonore « Reprises à la flute de pan » restera longtemps dans nos cœurs oreilles (au secours).
Le lendemain, petite étape pépère en direction de El Ksiba (170 kms), pour une pause de deux nuits bien méritée. La ville n’a pas grand intérêt hormis notre hébergement chez Saadia & Mustapha, qui est un petit paradis humain, cher à Gégé.
Nous en profitons pour, en vrac : échanger avec nos hôtes, manger comme des petits rois, faire de la randonnée en plein cagnard, se faire inviter à l’heure du thé par un muletier dans sa famille et sa ferme, faire de la mécanique sur les motos, compléter le design de la XT 500 avec une magnifique et confortable peau de mouton, faire ressemeler une ranger de Gégé, faire nos lessives, buter du moustique, et nous reposer, aussi, un peu. Mais surtout apprécier un rythme de vie, sans grandes contraintes, sans wifi, sans eau chaude, au rythme du jour qui se lève et qui se couche.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et après cette petite parenthèse enchantée, nous partons vers Fès (250 kms), pour une suite bien plus urbaine !