Kirghizistan : encore et toujours plus de « Whaou ! »

On commence notre journée avec une piste, mi-gravier, mi-sable, mi-tole ondulée (rien que ça) , je vous laisse imaginer comment ça me met instantanément en joie, et de bonne humeur. Nous avions le choix une nouvelle fois entre la route du nord, plus courte mais plus ardue, et la route du sud, plus longue mais réputée plus facile. Je vous laisse deviner pour laquelle nous avons opté…

Oui, on est un petit peu maso, mais en vrai cette fois-ci, on s’est renseignés avant, et on a demandé (et suivi !) conseil. La route du nord est utilisée tout l’année par les locaux, et est à priori sublime. Pas de difficultés particulières, à priori, contrairement à ce qui était indiqué sur notre guide. Je vais spoiler un peu, mais depuis le début de notre aventure, je crois que les deux prochains jours seront les plus impressionnants en terme de « Pan dans tes yeux » VS niveau de difficulté de la route (acceptable, avec quelques feintes de difficultés vite fais).

Attention, ce post comporte plus de photos que de mots !

Donc, on part vers je sais plus quelle heure, je m’en fous, je suis en vacances, et malgré une bonne nuit, je suis pas au top. La froideur de notre hôtesse me mine un peu, alors que l’hospitalité kirghize est réputée exceptionnelle. Après 50 bornes, on arrive ici :

Sur votre droite, des montagnes…
Sur votre gauche, d’autres montagnes…

Et je me reprends. Quand même, on s’en fout de cette nana, c’est pas beau ici ? Allez hop hop hop ! On attaque une montée progressive, dans un cadre toujours sublime, changeant et exceptionnel, avec une piste un peu exigeante au début, mais qui laissera place ensuite à un terrain plus fluide et praticable. Oh yeah. Où que tu regardes, tu vois de la montagne, sous toutes ses couleurs, sous toutes ses variantes, plus ou moins enneigées, plus ou moins hautes. On est encerclés !

Petit village perdu dans la vallée

On continue notre route, perchés sur nos motos et la tête dans les montagnes. On est quasi-seuls au monde, on croise une voiture toute les 3 heures, pas plus ! Ça monte, ça descend, ça tournicote, c’est le grand bonheur.

On arrive dans une vallée-canyon assez impressionnante, où une pause déjeuner-pain-chocolat s’improvise. Difficile de trouver un meilleur cadre :

Non chouchou, c’est de l’autre côté qu’il faut regarder !
Oh, le bienheureux !

On entame une nouvelle ascension, avec une progression toute en douceur, au milieu des chevaux, des fleurs et des yourtes. La route est fabuleuse, et ne cesse de changer au fur et à mesure qu’on avance. C’est difficile à décrire tellement les variations se font rapidement, alors qu’on avance même pas vite !

Et puis on arrive là :

On fait les ploucs sur la magnifique statue du point de vue
Plouc le conquérant
Même pas peur. Même pas mal.

Et puis au virage juste après en amorçant la redescente du col, ça donne ça :

En fait à ce stade là, on en peux plus, c’est trop pour une journée, nos petits cerveaux n’arrivent plus à intégrer les merveilles qui s’offrent à nous, c’est une surenchère continue, trop d’émotions ! Et la dite journée n’est même pas terminée, il est 14h30. On entame notre descente, la météo est idéale, on flotte sur notre petit nuage. On croise un cycliste français arrêté au milieu de sa montée (notre descente), et on papote un peu avec. Il est artisan et habite au Madagascar, mais là, comme c’est la basse saison dans son domaine, et bien il se fait un Pékin-Paris à vélo. Normal. J’ai beaucoup de respect pour ces étranges personnes qui pratiquent la moto sans moteur, vraiment. Tout dans les cuisses, et un mental d’acier ! On échange un peu sur les étapes passées et à venir de chacun. Il nous rassure sur l’état de la piste jusqu’au lac Song-Kul et sur le fait qu’il y a bien des yourtes là-haut. Nous voulions y aller, par une route à priori plus simple, mais plus longue (qu’est ce que c’est difficile d’avoir le choix !). Et la saison des yourtes démarrant normalement en juin, nous n’étions pas sur d’avoir un hébergement là-haut. Comme ce lac est à 3 016 mètres (c’est précis), et que la météo y tourne très vite, on voulait être certains d’avoir un endroit autre que notre tente pour se réfugier, au cas-où ! Ces deux inconnues étant sorties du brouillard, on change de plan et on décide de dormir à Song-Kul ce soir.

Retour dans la vallée
Et ça tournicote

On traverse la vallée et on repart pour une nouvelle ascension.

Oh, un panneau !

Encore un changement de cadre, on découvre des sapins, la piste devient un peu plus compliquée avec des gros cailloux bien cassants mais les Versys et les pilotes s’en sortent au top.

Enfin, presque… Un peu trop « d’enthousiasme » dans un virage !
C’est parce que y’en a beaucoup des virages, c’est pour ça.. Et de l’enthousiasme aussi d’ailleurs.

Le ciel commence à se couvrir, et moi je commence à fantasmer sur un poêle, une yourte et un bon dîner. Les émotions fortes, ça creuse ! On continue notre ascension après avoir remis Newt sur ses deux roues, et on arrive sur un étrange plateau, tout vert, avec de la neige parsemée sur les sommets de chaque côté. D’un coup d’un seul, on est téléportés en Irlande/Ecosse en plein mois de juillet novembre. On a bien l’impression d’apercevoir un lac au loin, hélas, c’est plus la pluie et les nuages qui gagnent. On a aussi instantanément perdu 10 degrés (au moins ! Dixit la main gauche de Fafa).

Et au fond à gauche, un… lac ?
J’ai faiiiiiim, ouaiiiiiis !

On passe des yourtes mais qui ne correspondent pas à ce que notre pote français nous à décrit, on continue à avancer. Finalement, c’est la neige qui nous arrêtera devant 3 yourtes un peu plus loin, qui ne correspondent toujours pas à la description de notre ami, mais à ce stade là on s’en fout un peu… On veut juste un abri pour notre nuit à 3 016 mètres !

Petite vidéo de notre arrivée :

Ce sont des bergers qui tiennent les yourtes, et ils ont plus une formation Berger, que Tourisme, en vrai. L’accueil ne sera pas optimum et les échanges carrément limités, mais encore une fois, on était bien contents qu’ils soient là !

Mini-berger
Coucher de soleil, enfin, c’est ce qu’on a déduit.

Le ciel est hallucinant, il change chaque fois que le regard fixe un nouveau point. C’est magnifique. On passera une nuit assez glaciale, dans nos duvets, sur nos peaux de yacks, avec des couvertures en plus par dessus. Vraiment dommage qu’il n’y ai pas un poêle dans la yourte !

Vue au réveil, mais toujours pas du lac par contre.

J’ai pas super bien dormi, et heureusement l’étape du jour est courte, on a 100 kms à faire jusqu’à une douche Kochkor. Une nouvelle fois, deux options se présentent à nous : une route qui passe un col à 3 400 mètres, sachant qu’il a neigé cette nuit c’est joueur. Ou une route plus longue, qui passe plusieurs cols mais qui descend progressivement. On s’était dit d’être un peu plus raisonnable après les pistes de la Pamir, préserver notre énergie tout ça tout ça… Bref, je vous épargne le deuxième running gag du voyage, vous devinerez bien tout seuls par où nous sommes passés. Et ça a donné ça :

On est un peu con(tent)s.

A peine partis, il se met à grêler et à neiger un peu, mais pas pire. La piste est surprenamment assez bonne, un peu de boue, un peu de gravier, mais ça passe tout seul (ou alors le manque d’oxygène me fait perdre le sens des réalités). On passe le col entre deux blocs de glace, ça fait toujours son petit effet ! Et à partir de là c’est que de la redescente. Pas bien compliqué mais le challenge c’est la visibilité. Déjà parce que j’ai un pinlock de m****, merci HJC, et surtout parce que la neige vient se coller à la visière. On croise des voitures non 4×4 en sens inverse, donc on sait qu’il n’ y aura pas de difficultés majeures ensuite. Il pleuneige, puis il pleutoutcourt. Dommage, le cadre avait l’air chouette !

Oh un rayon de soleil, vite l’appareil photo !

Ça sera pour une autre fois. Au bout de 60 kms de flotte, on arrive sur une intersection avec une route toute neuve, toute lisse, le grand luxe. Et en prime, le ciel s’éclaircit et on redécouvre le paysage. Ça donne un cadre de gorges encaissées, avec une roche rouge, de la végétation vert sombre, une rivière bleue délavée et un ciel gris-noir avec des percées de soleil. Encore wouah ! Du contraste ! On s’étonne franchement de ne pas vibrer de partout, puis on réalise que c’est normal sur une belle route, que tout va bien en fait. On arrive au Happy Hostel où j’apprécie une Happy Douche chaude, et un accueil tout à fait charmant de toute la famille, qui vient largement compenser notre expérience moyenne à Kazarman. L’accueil chaleureux et la bière fraîche pour l’apéro rendront cette étape bien agréable !

Après une bonne nuit de sommeil, direction Issyk-Kul, le plus grand lac du pays et aussi le 2ème plus grand lac de montagne au monde après le lac Titicaca. Rien que ça ! Et la route sera bitumée sur quasiment tout le long. Et ouais ! Nous avons opté pour la rive sud, moins touristique et plus sauvage. Nous ne le regretterons pas ! C’est plein de nuances de bleu, avec la roche rouge des montagnes proches et les sommets enneigés des montagnes distantes. On aperçoit des plages jaunes orangées avec une eau turquoise, invitation à la baignade (mais en juillet) et à la détente (maintenant).

Pause détente et dodo à Tossor. Ce nom résonne beaucoup pour moi, car j’avais pas mal bossé avant de partir, sur la route à prendre pour arriver là… par les montagnes et le Tossor Pass. Et en discutant avec notre cycliste français, il nous a fortement déconseillé d’y aller. Encore trop de neige et trop tôt dans la saison. Lui même y était et c’était les kilomètres les plus longs et laborieux de sa vie. Il a également croisé des motos type cross légères avec véhicule d’assistance qui ont du rebrousser chemin. Pas de regrets donc, on aime bien le challenge mais il faut savoir aussi renoncer aux plans initiaux parfois (ou choisir la route facile…. ahahahahah). On profite donc du pass depuis les bords du lac, ce qui n’est pas mal non plus après tout ! Ce soir, c’est grand luxe, on fête nos 12 ans :

Ce soir, c’est grand luxe chérie, on plante la tente !
Je t’ai privatisé un champ d’abricots avec vue sur la montagne, tu m’en diras des nouvelles !

Hélas pour nous, les abricots ne seront murs qu’en juillet, et bien que les couleurs du lacs ressemblent aux Maldives (un peu), la température de l’eau se rapproche plus des tendances de la côte bretonne.

Pour se venger le lendemain, on cherche à profiter des sources d’eau chaudes dans le coin, car il y en a pas mal. Première destination, un sanatorium de l’URSS, où les astronautes et le célèbre Yuri Gagarine venaient se reposer à leur retour de périple dans l’espace. C’est classe quand même non ? C’est à côté, et sur notre route. Ça tombe bien !

On arrive, on se gare, on se change : ce qui n’est pas une mince affaire pour les motards équipés que nous sommes, et … on se prend un gros vent.

Le bassin ouvre dans 10 jours ! Mais on peut se promener dans le parc si on veut ! Sachant qu’on ressemble, littéralement, à deux cosmonautes, autant dire que la balade sous les grosses chaleurs on y tient moyen-moyen. Dommage pour nous !

Plan B, on a repéré une source d’eau chaude naturelle dans une vallée un peu plus loin. On reprend la route, puis on se gare sur le bas-côté pour vérifier qu’on a pas loupé l’intersection, et ou repart. 200 mètres plus loin, contrôle de police, on s’est fait flashés à 68 km/h juste avant une zone 40 km/h. Oui bien sur. On vient de sortir de notre stationnement, et à fond de première, on est montés dans la zone rouge en moins de 200 mètres pour faire péter le compteur.

Et sinon, vous vous foutez pas un peu de notre gueule ? On argumente avec ces braves messieurs de l’ordre public. En expliquant tant bien que mal que soit leur relevé il est bidon, soit leur radar il est pété.

Bref, ils n’insistent pas et nous laissent partir, la tête de Fabien « je comprend pas ce que tu me dis en Russe » fonctionne à priori plutôt bien.

Sur ces émotions fortes (je déteste ces moments, et j’ai tellement lu sur la corruption des flics en Asie Centrale…), on reprend la route et on part se faire cuire au bain-marie détendre au fond d’une vallée, sans poulets.

On s’enfonce vers les montagnes, on a l’impression d’être dans un western, les Maldives ont déjà l’air bien loin !

Le bain fait du bien à tout le monde, cuisson parfaite !

On repart direction Karakol, une ville de taille moyenne à l’Est du lac, pour une pause de 2 nuits avant de repasser au Kazakhstan par une frontière ouverte sur la période estivale. Cela nous nous évitera de retourner jusqu’à Bishkek, parce que les villes, franchement, c’est pas notre cadre préféré.

On se pose tranquillement dans le super hostel Riverside, avec un accueil aux p’tits oignons, et une chambre de méga luxe, grand lit, super matelas, salle de bain. Le bon-heur !

Fafa en profite pour reconnecter avec ses gènes d’informaticien

On se promène dans la ville, au bord des montagnes, il fait beau et chaud.On visite la mosquée, ce qui sera l’occasion d’une chouette photo, spéciale Astérix :

L’espion dans Astérix & Cléopatre

Puis on visite la cathédrale aussi, pour ne pas faire de jaloux :

Mais là c’est gratuit, et y’a pas besoin de déguisement.

Je profite aussi de cette pause pour contacter Avi-International pour faire un check-up de mon épaule qui me fait toujours un peu souffrir, et connaître la marche à suivre. Finalement, on décidera d’attendre Almaty, de l’autre côté de la frontière, où les structures de soins semblent de meilleure qualité. Et puis, il n’y a pas spécialement d’urgence.

On se fera un excellent dîner au restaurant Dastorkon, et le best-of de mes trajets en taxi jusqu’à maintenant : une lada toute cabossée/pièce de collection, le pare brise brisé sur toute la longueur, une route toute cabossée aussi, un chauffeur honnête avec un sourire grand comme ça, une porte passager qui s’ouvre en route, le fauteuil de Fafa qui est pété, et une bande son locale à fond. J’avais pas rigolé comme ça depuis un bon moment. Épique le retour !

Demain, on fait notre deuxième entrée au Kazakhstan !

3 réponses sur “Kirghizistan : encore et toujours plus de « Whaou ! »”

  1. Toujours aussi beau… mais ça ne donne pas toujours envie !
    Poignées chauffantes, poignées chauffantes… Sinon, il y a les manchons… (et ça ne tombe pas en panne)… Mais moi, ce que j’en dit…
    ?
    Gégé

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