En piste ! #part 1

Voilà 5 jours que nous sommes au Maroc à traverser des paysages aussi extraordinaires que variés. Mais si nous sommes allés si loin c’était aussi pour sortir des sentiers battus, faire de la piste, avoir chaud et manger du sable.

Ça tombe bien, ça sera notre menu pour les deux prochains jours. Notre challenge ? Relier Taouz à Zagora : 230 kms dont 170 de piste.

Nous partons donc au petit matin après avoir pris un copieux petit-dèj’ et dit au revoir à Hassan, notre hôte au Petit prince. Les 30 kms de route pour rejoindre Taouz se font sans encombres et toujours au rythme, disons tempéré, du mono des XT500. Le décors se fait de plus en plus désertique et l’ambiance « Disneyland » de Merzouga avec tous ses 4×4 et quads de location est déjà bien loin derrière nous.

Enfin nous arrivons au bout du bitume, la route s’achève et laisse place à notre première piste. Poussière et cailloux seront désormais nos compagnons de route. Nous roulons doucement, plus que d’habitude, le temps de s’habituer aux nouvelles conditions. Malgré les cailloux et quelques passages sableux, la piste s’annonce facile et sans réel piège.

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Sans piège..sans piège, faut le dire vite !

Nos cinq motos se suivent, bien espacées et en quinconce pour limiter l’absorption de poussière par les pilotes (et les filtres à air). Les décors sont toujours aussi sublime et nous faisons de nombreuses pauses photos pour immortaliser nos airs de grands gamins épanouis.

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Visiblement y’en a un qui est plus « épanoui » que les autres…

Nous arrivons ensuite sur un premier passage difficile : une côte et du sable. Avec nos motos chargées (et, disons-le, notre niveau en offroad plutôt moyen) il ne nous en faut pas plus pour nous mettre au défi. Nous nous arrêtons pour discuter du plan d’attaque.

Nous pourrons compter sur l’aide psychologique de deux jeunes marocains en motobylette© chinoise nous suivant depuis un moment maintenant. « Psychologique » car on ne sait pas trop ce qu’ils veulent, la communication est difficile car ils ne parlent pas anglais et très peu le français. Ils sont juste là, silencieux et collés à nous comme des gamins à qui nous aurions confisqué leurs sucettes.

On comprend bien qu’ils ne seraient pas contre avoir un ou dix dirham contre un conseil de trajectoire, mais :

  1. On arrive à peine à se comprendre
  2. Mettre d’accord 5 cerveaux est déjà assez compliqué
  3. Et puis c’est quand même pas un gamin roulant en 80cm3 « YianXin » qui va nous montrer comment faire …
piste Taouz - Zagora
…quelqu’un à 10 dirham ?

Oui mais voilà : le sable c’est traitre et ça apprend l’humilité.

Après environ une demi-heure, toutes nos motos auront franchis l’obstacle. Nos deux « nouveaux amis », eux, passerons sans souci du premier coup (et à deux sur la machine). Bref.

Nous continuons notre route piste qui ne tardera pas à se confondre avec le terrain puis à disparaître complètement : nous sommes arrivés aux fameuses « dunettes » dont GG nous a tant parlé. Il faut naviguer à vue pour garder son cap, éviter quand possible les dunes de sable et ne pas rouler sur les touffes de végétation bien plus hautes et dures qu’il n’y parait. Un vrai exercice de concentration.

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« Tu peux y aller, ça passe à l’aise ! »
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« Mais pourquoi je l’écoute encore lui !? »

Après quelques hésitations et surtout après avoir écouté les conseils du patron d’une auberge non loin de là, ce passage sera passé sans grande difficulté et avec beaucoup de fierté. Dans ces terrains hostiles, chaque victoire compte.

Nous retrouvons la piste et quittons le sable pour un moment. Le Maroc nous montre une fois de plus sa richesse paysagère : le décor change du tout au tout en un rien de temps.

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« Et la poussière tu boufferas »

Avec un bon 40 km/h de moyenne, on avale la piste à une vitesse impressionnante. Et ouais, on ne rigole pas !

La journée est déjà bien entamée, nous avons chaud, soif et la fatigue commence à se faire sentir. Il est temps de faire une pause avant d’attaquer la traversée de l’oued Gheris (asséché en cette saison), passage supposé le plus technique de la journée.

Mais chaque chose en son temps, place à la boisson dans un « café » du bourg Ramlia, perdu en plein désert (notez que même ici le wifi est disponible. Il n’est pas improbable qu’ils soient fibrés avant moi …)

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La plupart du groupe est détendu…

Nos gosiers réhydratés, nous reprenons notre chemin, l’oued Gheris est à deux pas. Nous sortons du bourg accompagnés de deux motobylettes© et un 4×4. Celui-ci nous proposera d’ailleurs de transporter nos bagages pour alléger nos motos et faciliter la traversée. En bonhommes (et femme) dignes que nous sommes, nous refusons poliment. Ils continuerons à nous suivre de loin, tels des prédateurs attendant que leurs proies s’épuisent et abandonnent toute fierté.

Mais cela n’arrivera pas.

L’oued est impressionnant, une descente de quelques mètres, la traversée qui en fait 20-25 et la remontée de l’autre côté se feront dans une profonde couche de sable.

Plusieurs passages s’offrent à nous, nous coupons les moteurs et étudions nos options précisément et de manière scientifique :

– ça passe tout droit ?

– hum, j’pense pas, ça va être tendu.

– bon bah à gauche alors !?

– ouais.

Notre assistance locale s’est déjà postée de l’autre côté et attend le début du spectacle. Faut dire qu’il ne se passe pas grand chose dans le coin, alors voir débarquer 5 touristes sur des motos bien chargées tenter un passage aussi technique, ça occupe.

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GG en bon meneur s’élance le premier. Il descend, commence à traverser puis bifurque à gauche, longeant le lit de l’oued pour aller chercher un passage moins raide pour la remontée. Tout le monde à les yeux rivés sur lui, personne ne parle. Seul le bruit caractéristique de la XT se fait entendre : « Pof – pof – pof – pof … »

Sans grande difficulté il parvient à se positionner dans l’axe du passage, il prend de l’élan et attaque la côte. La moto est baladée par le sable, on sent toute la concentration et l’effort physique nécessaire pour garder le cap et la vitesse. Il arrive en haut, béquille sa moto et sort son appareil photo. On se regarde: c’est notre tour.

En ce qui me concerne, si la descente et la traversée se sont passé sans trop d’encombres, la remontée a été une autre histoire :

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Non, non je ne suis pas tombé ..
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..ce n’est qu’une « pause » parfaitement voulue et planifiée.

D’autres s’en sortirons mieux..

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…et d’autres non.

L’obstacle franchi, il est temps pour nous de trouver un endroit pour bivouaquer : ce soir on dort à la belle étoile 🙂

Au détour de la piste, une mini-dune sera l’abri parfait : en forme de croissant de lune, elle nous abritera du vent et nous offrira une hauteur bienvenue pour profiter du coucher de soleil.

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Notre chambre d’hôtel 5* pour la nuit.

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Les matelas posés à même le sol, nous sommes prêts à dîner. La nuit est déjà tombée, c’est à la frontale que nous le dégusterons. Raph nous a fait la surprise d’avoir emporté depuis le début, dans ses sacoches, une bonne bouteille de vin. Cassoulet, pain et vin; pouvait-on faire plus franchouillard comme repas ? Mais qu’importe, ce repas-là était extraordinaire tout comme la nuit qui a suivi: le calme du désert, la solitude, le coucher de soleil, la magnifique nuit étoilée, le sentiment de liberté, les moustiques, on était bien.

Et puis franchement, pour un motard s’endormir aux pieds roues de sa bécane dans le désert, c’est un sentiment de fierté, comme un accomplissement : « je suis arrivé jusque là, je peux donc aller où je veux ». C’est aussi une forme de reconnaissance envers la mécanique qui nous amené ici et de laquelle nous dépendons tant. Le repos de l’homme et de la machine en quelque sorte.

Pour l’heure il est temps d’aller dormir, la suite au prochain épisode …

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4 réponses sur “En piste ! #part 1”

  1. Eh oui, c’est comme avec Netflix, il y en a qui connaissent la suite avant les autres … 🙂
    Belles photos ! d’ailleurs, je crois en reconnaître… quelques unes…
    😉

    Alors ?… la suite…

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